top of page

Écriture inclusive et épicène

2 juil. 2024

Temps de lecture : 4 min

0

13

0


Femmes Hommes et Non Binaires unis pour la reconnaissance de l'écriture inclusive

Un peu d'histoire

 

1606 : Jean Nicot publie le premier dictionnaire de la langue française. Les termes féminins, notamment les noms de métiers, étaient une nécessité. On y trouve donc les définitions de philosophesse, poétesse, capitainesse, peintresse et même… autrice, qui existait déjà au Moyen-âge. L’accord de proximité est la règle appliquée, on disait alors « des hommes et des femmes intéressantes ».

1635 : création de l’Académie française par le cardinal Richelieu pour « donner des règles certaines à notre langue ». Institution exclusivement masculine à ce moment-là.

1647 : Claude Favre de Vaugelas, grammairien, annonce que « le genre masculin étant le plus noble, il doit prédominer toutes les fois que le masculin et le féminin se trouvent ensemble ». Il est bien entendu soutenu, notamment par son confrère Nicolas Beauzée qui précise que « le genre masculin est réputé plus noble que le féminin, à cause de la supériorité du mâle sur la femelle ».

La règle de l’accord de proximité est alors abolie, il peut donc y avoir un homme et cinquante femmes dans une pièce, « ils seront intéressants ». Les noms de métiers cités plus haut sont alors supprimés et deviennent exclusivement masculins. On conserve bien évidemment les féminisations des métiers tels que cuisinière ou ménagère.

1961 : L’Office québécois de la langue française est créé, et joue un rôle important dans la promotion de l’égalité des genres, la féminisation des titres de fonctions et l’écriture épicène.

1970 : La Commission royale d’enquête sur la situation des femmes au Canada (créé 3 ans auparavant) dépose un rapport proposant des recommandations et des mesures « afin d’assurer aux femmes des chances égales à celles des hommes dans toutes les sphères de la société canadienne ».

« Une femme souffre lorsqu’on ne perçoit pas en elle un être personnel, qui a son identité propre, quelqu’un qui a des aspirations, des qualités ou des défauts, des goûts, des idées bien à elle […]. Elle n’accepte plus facilement les généralisations simplistes au sujet des femmes, dont la littérature et la pensée, et même le langage des pays occidentaux sont pleins, voisinant par ailleurs avec certaines idéalisations à l’eau de rose au sujet de la notion de femmes. Bien des Canadiennes sont lasses des stéréotypes où on les enferme […]. »

1980 : Marguerite Yourcenar est la première femme à intégrer l’Académie française. Elles n’ont été que 10 après elle, la dernière en date étant Sylviane Agacinski (écrivaine et philosophesse) en 2023. Aujourd’hui, sur ses 37 membres, on dénombre 5 femmes.

 

Depuis 1980, on observe une accélération et une augmentation du nombre de travaux traitant de la féminisation de la langue française. Le Canada a beaucoup œuvré en ce sens avec son Guide de féminisation des titres de fonction et des textes, son engagement à utiliser la rédaction épicène, ou plus récemment l’ajout de l’identité de genre et son expression à la liste des distinctions illicite dans sa Loi sur les droits de la personne.

En France, l’influence outre-Atlantique permet une libération de la parole, et en 2014 apparaît le pronom « iel », combinaison de « il » et « elle », dans le roman dystopique La Symphonie des abysses de l’écrivaine Carina Rozenfeld. En novembre 2015, le haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes publie un guide pratique pour une communication publique sans stéréotype de sexe, lequel regroupe plusieurs recommandations explicites et faciles à mettre en place. L'écriture inclusive et l'écriture épicène sont en réalité déjà en place dans notre quotidien, les offres d'emplois en sont un bon exemple !

 

Alors maintenant que l’Histoire est en place, pourquoi utiliser l'écriture inclusive ou l'écriture épicène dans sa communication ?

La raison qui paraît la plus évidente, et qui est paradoxalement la moins facile à entendre, est pourtant très factuelle : la féminisation de la langue française et des noms de métiers existait déjà au Moyen-âge et elle a été étouffée pour des motifs uniquement sexistes. Pour être plus juste dans nos propos, on ne féminise pas la langue, on met un terme à sa masculinisation.

Vient ensuite l'argument selon lequel l'écriture inclusive (et surtout le point médian) est un frein et une exclusion pour les personnes atteintes de troubles dys., n'est en fait pas tout à fait recevable. En effet, de récentes études ont démontré que les difficultés liées à la lecture du point médian seraient plus une question d'habitude que de handicap. Une personne du sujet d'étude témoigne en effet que si l'apprentissage du point médian est fait en séance d'orthophonie, la personne n'aura pas plus de difficultés à le lire par la suite. On note également une corrélation entre le nombre d'heures passées par jour à lire, le positionnement plus ou moins favorable envers l'écriture inclusive, et le niveau de facilité de sa lecture. C'est-à-dire que les sujets étant défavorables à l'utilisation de différentes formes d'écriture et ne lisant pas régulièrement (quel que soit le type de lecture), auront tendance à avoir plus de difficultés à lire l'écriture inclusive. Des écarts dans la difficulté de lecture sont bien sûr observés entre les personnes ayant des troubles dys- et les sujets sans aucun trouble, mais ils sont de l'ordre de 2 à 13% maximum, en incluant des phrases avec des caractères inclusifs expérimentaux.

Enfin, le Réseau d’Études Handi-Féministes se positionne “contre la récupération du handicap par les personnes anti-écriture inclusive.”

 

Concrètement, comment fait-on ?

Nous avons la chance d’avoir une langue qui, bien que complexe, est extrêmement riche. L’inclusivité ne se résume pas au point médian, loin de là, même si on reconnait son utilité lorsque l’espace d’écriture est restreint ou que les autres formulations et tournures de phrases ne sont pas satisfaisantes.

L’écriture épicène permet simplement de vous assurer que vous vous adressez à chaque individualité de votre public.

Alors si vous souhaitez communiquer autrement et vous prémunir des formulations mal interprétées, contactez moi !





 

Sources :

Gouvernement du Canada :

https://www.noslangues-ourlanguages.gc.ca/fr/blogue-blog/ecriture-inclusive-sources-fra

https://www.canada.ca/fr/femmes-egalite-genres/commemorations-celebrations/commission-royale-enquete-situation-femme-canada.html

Académie française :

https://www.academie-francaise.fr/les-immortels/les-quarante-aujourdhui

Études :

https://fr.statista.com/statistiques/1372365/population-identite-transsexuel-non-binaire-par-pays/

https://www.etapes.com/2023/01/20/ecriture-et-typographie-inclusives-obstacle-pour-les-personnes-dys/

https://typo-inclusive.net/ecriture-inclusive-obstacle-infranchissable-pour-les-personnes-dys-synthese-dune-etude-de-lisibilite/

https://typo-inclusive.net/emergence-de-nouvelles-formes-typographiques-non-binaires-ligatures-et-glyphes-inclusives-les-alternatives-au-point-median-et-au-doublet-principalement-observes-dans-les-milieux-activistes-queer-e/#post-1-_9mq3j8uzjxth

https://efigies-ateliers.hypotheses.org/5274

Insee :

https://www.insee.fr/fr/statistiques/2381474

Livre :

Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin ! ,Éliane Viennot, IS Edition, 2014

Commentaires

Les commentaires sur ce post ne sont plus acceptés. Contactez le propriétaire pour plus d'informations.
bottom of page